Le dernier chameau et autres histoires

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JC Lattès, 24 mars 2004 - 250 pages

Dans ma petite tête d'enfant, les Français étaient une entité abstraite, et j'étais très impatient de les voir arriver, afin de découvrir comment ils étaient faits.
Je n'en dormais plus. Une légende, qui courait depuis la nuit des temps, disait qu'ils étaient d'une grande beauté. Au point que nous utilisions couramment l'expression Yeçbeh am-urumi !, qui veut dire : Il est beau comme un Français ! Mais, en même temps, dans l'imaginaire transmis par ma grand-mère, ma mère et mes tantes, ils n'étaient pas tout à fait humains. Ainsi, quand je refusais d'aller au lit, ma mère n'évoquait-elle pas le loup, mais disait d'une voix menaçante : Va te coucher tout de suite, sinon Bitchouh viendra te manger tout cru ! Dans les cinq secondes qui suivaient, je dormais à poings fermés, de peur de me faire dévorer par cet ogre, dont les deux syllabes me terrifiaient. Bitchouh était la transcription phonétique kabyle de Bugeaud, l'un des fameux généraux qui avaient « pacifié » l'Algérie, comme on dit chez vous, et auquel les autochtones prêtaient un caractère sanguinaire et monstrueux.
Est-ce que les militaires français, malgré leur grande beauté, seraient aussi terribles que leur auguste prédécesseur ?

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À propos de l'auteur (2004)

Prix Raymond Devos pour la langue française (2003), Fellag est à la fois comédien, humoriste et écrivain. Il a notamment joué dans Bashir Lazhar de Philippe Falardeau, qui lui a valu le Génie du meilleur acteur canadien (2012). Il a publié trois recueils de nouvelles et trois romans aux éditions Lattès : C’est à Alger (2002), Le Dernier Chameau et autres histoires (2004), Comment réussir un bon petit couscous (2003), Rue des petites daurades (2001), L’Allumeur de rêves berbères (2007) et enfin, illustré par Jacques Ferrandez, Le Mécano du vendredi (2010).

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