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Il viendra un temps fatal et prédestiné qu'Ahrimane sera destruit, et lors la terre sera toute plate, unie et esgale, et il n'y aura plus qu'une vie et une sorte de gouvernement parmi les hommes qui n'auront plus qu'une langue entr'eux et vivront heureusement.

Toute l'humanité ne sera qu'une seule famille.

L'humanité est son œuvre à elle-même.

PLUTARQUE.

SAINT JEAN.

VICO.

Le genre humain doit se reunir en un vaste corps organisé, ayant connaissance de lui-même. Les intérêts particuliers feront place à l'amour universel, et le but de l'existence sera de former une vie sociale, juste, vertueuse et grandiose à la fois.

FICHTE.

Que les hommes soient égaux ou non, ils doivent se traiter comme s'ils l'etaient; car s'ils sont inégaux, ils entreront en lutte, et comme elle ne peut pas toujours durer, dans le traité de paix qui suivra, ils seront bien obligés de se regarder comme égaux.

HOBBES,

Une idée qui se révèle à travers l'histoire en étendant chaque jour son salutaire empire. une idée qui, mieux que toute autre, prouve le fait, si souvent contesté, mais plus souvent encore mal compris, de la perfectibilité générale de l'espèce, c'est l'idée d'humanité. C'est elle qui tend à faire tomber les barrières que des préjugés et des vues intéressées de toute sorte ont élevées entre les hommes, et à faire envisager la race humaine dans son ensemble, sans distinction de religion, de nation, de couleur, comme une grande famille de frères, comme un corps unique, marchant vers un seul et même but, le libre développement des forces morales. Ce but est le but final, le but suprême de la sociabilité et en même temps la direction imposée à l'homme par sa propre nature, par l'agrandissement indéfini de son existence.

HUMBOLDT.

Il faut nous tenir prêts pour un événement immense dans l'ordre divin, vers lequel nous marchons avec une vitesse accélérée qui doit frapper tous les observateurs. Il n'y a plus de religion sur la terre le genre humain ne peut demeurer dans cet état.

J. DE MAISTRE.

L'ère des peuples est venue, reste à savoir comment elle sera remplie; il faudra d'abord que l'Europe se nivelle dans une même existence.

CHATEAUBRIAND.

Une nouvelle ère se prépare; le monde est en travail; tous les esprits sont attentifs.

BALLANCHE.

Toutes les familles ne seront qu'une famille, et toutes les nations qu'une nation.

LAMENNAIS.

Les assurances enlèvent au malheur sa funeste puissance en divisant ses effets.

Par les assurances, les entreprises les plus hardies n'offrent que très peu de dangers, les plus terribles fléaux perdent de leur

horreur.

ROSSI,

L'ASSURANCE UNIVERSELLE.

La politique universelle, telle que je la conçois, c'est l'assurance universelle.

A chacun sa tâche :

Aux prêtres catholiques d'enseigner et de démontrer l'existence de la Trinité, du péché originel, de l'éternité des peines, du purgatoire, de la transsubstantiation, de la consubstantialité du Verbe, de l'infaillibilité des conciles œcuméniques, des sept sacrements, savoir : le baptême, la pénitence, l'ordre, la communion, la confirmation, le mariage, l'extrême-onction;

Aux ministres protestants d'enseigner et de démontrer que le culte extérieur, le sacrifice de la messe, les indulgences, le purgatoire, les images, la hiérarchie de l'Église, sont des erreurs, et qu'il n'existe et ne doit exister que deux sacrements: le baptême et la cène;

Aux ministres luthériens d'enseigner et de démontrer que, dans l'Eucharistie, il n'y a point, après la consécration, de changement d'une substance en une autre; que Jésus-Christ y est réellement présent, mais qu'alors il n'y a plus ni pain ni vin;

Aux ministres calvinistes d'enseigner et de démontrer la non-existence de la présence réelle, attendu que Jésus-Christ n'est réellement et substantiellement que dans le ciel;

Aux théologiens de se mettre d'accord sur les ques

tions de savoir si la mère est immaculée, si le Verba est engendré, semblable ou consubstantiel à son Créateur; si la grâce est efficace, versatile, nécessitante, coopérante, concomitante et congrue;

Aux ministres du culte israélite, aux rabbins d'enseigner et de démontrer qu'il y a un Dieu créateur de tous les êtres, qui peut subsister sans aucune partie de l'univers, mais sans lequel rien ne peut subsister; que Dieu est un, indivisible, mais d'une unité différente de toutes les unités; que Dieu est incorporel; qu'il n'a aucune qualité corporelle possible et qui se puisse imaginer; qu'on doit adorer et servir Dieu seul, sans médiation ni intermédiaire; que la loi laissée par Moïse est toute de Dieu, et ne renferme pas une syllabe qui soit purement de Moïse; que cette loi est immuable et qu'on ne peut rien y ajouter, rien en retrancher; qu'il viendra un messie, et que, bien qu'il tarde à venir, il ne faut pas douter de sa venue, à laquelle on ne doit assigner aucune époque, aucune limite dans le temps; que tous les morts ressusciteront à la fin des siècles, et que Dieu portera un jugement universel sur tous les humains en corps et en âme;

Aux ministres de l'islamisme, muftis et imans, d'enseigner et de démontrer l'unité de Dieu, son éternité, son indivisibilité; la mission de Mahomet, à qui l'ange Gabriel a révélé les préceptes de la loi renfermés dans le Coran; l'existence des anges, des prophètes, la prédestination absolue pour le bien et pour le mal, la résurrection au jour du jugement, l'existence du paradis, où l'âme jouira de toutes les félicités spirituelles. et le corps de toutes les voluptés sensuelles;

Aux philosophes de toutes les écoles d'enseigner et de démontrer le contraire de ce qu'enseignent et démontrent les ministres de tous les cultes.

Plus étroite est la tâche que je me suis assignée.
Je suppose, je veux supposer:

Que Dieu n'existe pas, ou que, s'il existe, il est inpossible à l'homme d'en démontrer l'existence;

Que le monde existe par lui-même et par lui seul; Que l'homme n'a aucune faute originelle à racheter; Qu'il porte avec lui la mémoire et la raison comme la flamme porte avec elle la chaleur et la clarté ;

Qu'il ne revit charnellement que dans l'enfant qu'il procrée;

Qu'il ne se survit intellectuellement que dans l'idée par laquelle il s'illustre ;

Qu'il ne doit donc pas s'attendre à recevoir dans une vie future la récompense ou le châtiment de sa conduite présente;

Que le bien et le mal n'existent pas substantiellement, absolument, incontestablement par eux-mêmes; qu'ils n'existent que nominalement, relativement, arbitrairement;

Qu'il n'existe effectivement que des risques contre lesquels l'homme, obéissant à la loi de conservation qui est en lui et commandant à la matière, cherche à s'assurer par les moyens dont il dispose.

Les moyens qu'il emploie ont changé et changeront encore; mais le but est resté constamment le même. Moralement qu'appelle-t-on le bien?

Moralement qu'appelle-t-on le mal?

Si le meurtre s'appelle le mal, quel nom doit-on donner à la guerre?

Si le vol s'appelle le mal, quel nom doit-on donner à la conquête?

Si la privation de la liberté s'appelle le mal, quel nom doit-on donner à la domination?

Si la duplicité s'appelle le mal, quel nom doit-on donner à la diplomatie?

Du risque de l'attaque est née la nécessité de la défense;

De la nécessité de la défense est née la pensée de s'associer;

De la pensée de s'associer sont nées, sous divers noms, la commune et la nation, l'une étant à l'autre ce que la javelle est à la gerbe.

Les nations, afin de diminuer les risques d'atteinte portée à ce qu'elles appelaient et à ce qu'elles appellent encore leur indépendance, se sont longtemps appliquées à grossir le chiffre de leur population et à reculer la limite de leurs territoires jusqu'à ce qu'elles eussent pour frontières, autant que possible inviolables, les fleuves les plus larges et les montagnes les plus hautes.

Du risque d'être tué ou volé sont nées l'institution de la justice et l'organisation d'une puissance publique, dont l'exercice soit à l'abus de la force individuelle ce que le contre-poids est au poids.

Ainsi, chaque risque a donné lieu à un moyen cor respondant de l'affaiblir ou de l'écarter.

La religion elle-même fut un moyen primitivemen et universellement imaginé par le faible pour contenir le fort, par l'opprimé pour fléchir l'oppresseur, par le pauvre pour apitoyer le riche.

Isolément et absolument, l'homme par lui-même vaut peu;

Collectivement et relativement, il ne vaut beaucoup que par les choses qu'il a réussi à placer sous sa dépendance. C'est ainsi qu'indirectement et en apparence il se perfectionne, mais directement et en réalité il ne se perfectionne pas.

Sil franchit maintenant l'espace plus rapidement qu'il ne le franchissait autrefois, ce n'est pas qu'il marche plus vite ou plus longtemps qu'il ne marchait à une autre époque; c'est que la chose qui s'appelle moyen de transport ou moyen de communication est, relativement à elle-même, moins imparfaite.

De ce qui précède je tire cette conclusion, que c'est à perfectionner les choses sans relâche et sans fin que doit s'appliquer l'homme, puisqu'elles lui rendent multipliées presque à l'infini la valeur et la puissance qu'il leur a données.

S'il est vrai de dire que les peuples ont le gouvernement qu'ils méritent. il n'est pas moins vrai d'ajouter que l'homme a socialement le sort qui est le résultat des efforts communs de sa génération et des généra– tions antérieures.

Donc, la mère et le père qui se survivent dans la fille et le fils, s'ils chérissent leurs enfants, ne doivent rien épargner pour que leur postérité coure le moins de risques possible, conséquemment pour que l'ordre social soit aussi parfait que le comporte l'amélioration des choses.

Le calcul des probabilités appliqué à la mortalité humaine, aux risques maritimes, aux cas d'incendie ou d'inondation, a donné naissance à une science nouvelle, qui n'est encore qu'à son berceau : - celle des assurances. Le calcul des probabilités appliqué à la vie des nations. aux cas de guerre et de révolution, est le fondement de toute haute politique. Selon que ce calcul est rigoureux ou faux, approfondi ou dédaigné, la politique est glorieuse ou funeste, grande ou petite.

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