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gent en plus ou en moins, et non une question de liberté en moins ou en plus. Qui voudra payer peu n'aura qu'à réfléchir beaucoup avant d'élire l'Administrateur commun de la chose commune. Je comprends enfin l'administration d'un Etat, comme je comprends l'administration d'un chemin de fer, à l'exploitation duquel on est intéressé pour une action, et où l'on ne peut perdre au plus que sa mise sociale. Le risque de voir son argent gaspillé doit être le seul risque qu'on ait à craindre et à courir.

D. Mais à qui confierez-vous l'Administration publique de la chose publique ?

R. A un administrateur élu chaque année par l'universalité des intéressés, à la majorité des voix, contrôlé par une commission nationale de surveillance composée de onze membres élus par la majorité de la minorité défiante, et toujours révocable. Chaque électeur n'écrivant qu'un nom sur son bulletin. Le premier nom sortant de Î'urne désignant l'Administrateur élu par la majorité. Les onze noms qui ont ensuite le plus grand nombre de voix désignant les onze membres de la Commission nationale de surveillance représentant ainsi toutes les nuances de la minorité.

D. Mais si cet administrateur a le commandement de la force armée et qu'il veuille en abuser pour convertir l'administration des choses en gouvernement des hommes, la gérance en tyrannie, comment vous y prendrez-vous pour l'en empêcher, écarter ce risque et prévenir ce péril?

R. Je l'en empêcherai en commençant, avant de confier à qui que ce soit l'Administration de la chose publique, et le dépôt de la force armée, par abolir préalablement l'impôt indirect et multiple pour y substituer l'impôt direct et unique, ce qui est le seul moyen de rendre facile et efficace le refus de l'impôt. Pas d'argent, plus d'armée. En même temps que j'abolirai préalablement l'impôt indirect et multiple, j'abolirai tous les priviléges qui ont survécu aux trois révolutions de 1789, de 1830 et de 1848, et parmi ces priviléges se trouvent encore les brevets d'imprimeurs. En même temps que je restituerai au droit commun la liberté d'imprimer sa pensée, de la publier et de la distribuer sous toutes les formes, je donnerai à cette liberté individuelle la garantie de la pleine indépendance com

munale, de telle sorte que chaque Commune soit moralement une forteresse où puisse se réfugier sûrement le droit commun menacé par la tyrannie d'un usurpateur. Ce n'est pas tout encore; je m'appliquerai à simplifier l'administration centrale afin que l'Administrateur public ait à nommer le plus petit nombre possible de fonctionnaires subalternes; ce n'est pas tout encore, j'établirai l'entière indépendance de la Justice par la séparation absolue du Pouvoir judiciaire et du pouvoir administratif; car, cette séparation est fictive et illusoire lorsque c'est le chef du Pouvoir administratif qui pourvoit aux nominations et à l'avancement des membres du Pouvoir judiciaire. Le Pouvoir judiciaire sera électif et élu au même titre, le même jour, par le même mode et par les mêmes électeurs que le Pouvoir administratif. Ce n'est pas tout encore; je chercherai et je trouverai un dernier contre-poids au commandement de la force armée dans l'organisation unitaire des Corporations industrielles. Enfin, tout sera prévu pour contenir le Pouvoir administratif entre des digues si fortes qu'il ne puisse jamais lui venir même la pensée de tenter de les rompre. D'ailleurs, au premier effort qu'il ferait, les onze membres de la Commission de surveillance ne seraientils pas là pour le dénoncer à la défiance et à l'indignation du Peuple tout entier qui courrait aux urnes et le révoquerait immédiatement ?

D. Vaine précaution! La première chose qu'il ferait serait d'arrêter les onze membres de la Commission nationale de surveillance.

R. Eh bien! Quand il aurait fait arrêter les onze membres de la Commission nationale de surveillance, à quoi cela l'avancerait-il? Est-ce que chaque Commune n'aurait pas sa Commission communale de surveillance instituée et fonctionnant en vertu du même principe? Je suppose le nombre des Communes de France réduit à 6,000: est-ce qu'il serait possible de faire arrêter les 6,000 maires qui représenteraient toutes les forces compactes de la majorité et les 66,000 membres des Commissions communales de surveillance qui représenteraient toutes les nuances réunies des minorités diverses? Donc matériellement aucune usurpation ne serait plus possible. L'Administrateur public de la chose publique, constamment révocable,

pourrait toujours être aussi facilement que certainement révoqué. C'est alors que véritablement existerait la souveraineté du Peuple, s'exerçant et ne se déléguant plus, mais s'exerçant dans ses limites naturelles et infranchissables, ne sortant jamais de son orbite et n'en pouvant jamais sortir. Sous le régime du droit conventionnel, le Peuple, agissant, agit toujours comme Peuple, de même que la Commune agit toujours comme Commune, la Corporation comme Corporation, l'Individu comme Individu.

Le Peuple intervient pour régler ce qui est national; il n'intervient pas pour régler ce qui est individuel. Au besoin, la Corporation suffirait pleinement pour protéger ses membres, en toutes circonstances où la liberté se trouverait aux prises avec la force. Mais Commune, Corporation et Etat se prêtant ainsi un concours réciproque et commun, désormais l'Individu ne courrait pas plus de risque d'être frappé dans sa liberté que l'habitant de la terre n'est exposé à périr écrasé sous la chute de la lune. Etat, Commune, Corporation, Individu, tourneraient chacun comme autant de sphères inégales et diverses sur leur axe. Ni chocs, ni frottements. Rien de fictif, tout réel : les rouages nécessaires, aucun d'inutile: tels sont les avantages que présenterait le droit conventionnel substitué au droit constitutionnel; ce serait le régime vrai de la Liberté, de la Publicité, de l'Unité.

L'Etat aurait son Maire.

La Commune aurait son Maire.

La Corporation aurait son Maire.

Chacun de ces trois maires personnifierait à tous les degrés la majorité contrôlée par la minorité; la minorité et la majorité ainsi fidèlement représentées seraient alors véritablement l'universalité des intérêts, l'universalité des opinions, l'universalité des idées.

FIN.

Keith Underbrink
Paris
le 15 avril 1964

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January 2011

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