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grand Atlas Oriental, et se termine par le Djebel el Abbarat et le Dj. el Hadid (2.508 m.), qui sont à la ligne de séparation des bassins supérieurs de la Moulouya et du Guir. La chaîne se raccorde ensuite à l'Atlas Saharien par des rides qui ont disparu sous les dépôts tertiaires.

C'est aux environs de la plaine de Demnat que le Moyen-Atlas se soude au Grand-Atlas dans des conditions qui demeurent assez imprécises pour nous. La liaison paraît surtout s'effectuer par une zone de plateaux qui ne donnent nullement l'impression de hautes montagnes. La chaîne qui semble être constituée par une série de plissements parallèles dirigés vers le NordEst est d'ailleurs elle-même peu connue, les travaux de reconnaissance opérés actuellement par les colonnes françaises n'étant pas encore publiés. Aussi jusqu'à ce jour a-t-on admis la division du Moyen-Atlas en trois rides principales: celles de l'Ouest, du Centre et de l'Est.

Au Sud des plateaux jurassiques des Beni Mguild court le premier plissement du Moyen-Atlas, composé, pense-t-on, de la chaîne de l'Ari Aian (3.000 m.) au Nord-Est de Khenifra et des Dj. Tchoukt-Tazerine, Taridat et Tazekka (1.976 m.), dont l'altitude s'abaisse vers le Nord, au contact du détroit sudrifain. L'Ari Aian est le centre hydrographique remarquable de la région. Plusieurs fleuves en descendent. L'oued Guigou, branche mère du Sebou, traverse dans leur largeur les territoires des Beni Mguild et des Aït Youssi et remonte vers le Nord après s'être buté contre le massif des Beni Alaham. C'est au sud de Fès, après avoir reçu le tribut d'une source merveilleuse, l'Ain Sebou, qui jaillit aussi abondante qu'un torrent, qu'il prend le nom d'oued Sebou. L'oued Beth est appelé dans son cours supérieur Oued Tigrigra; il naît dans une région de lacs qui s'emplissent en hiver et se vident en été ; leur eau transparente et glacée se déverse par les massifs Ougmès et Tidrin. Enfin l'Oued Bou Regreg descend de la chaîne des Zaian (Dj. Arrar et Aouam) et l'Oum er Rebia prend naissance dans la région d'El Ourouikat, au Sud du plateau d'Azrou. Les terrasses du versant occidental de cette chaîne s'élargissent vers le Nord-Ouest pour surplomber la plaine de Meknès dans les conditions que

nous avons déjà indiquées. Sur le versant oriental les lignes des massifs sont séparées par des collines arrondies couvertes de cèdres et des vallées régulières, gazonnées, pleines de tentes et de troupeaux. La principale de ces vallées est celle de Selkat, cuvette desséchée à laquelle on accède par le col de Tizi Guenfa. C'est dans cette région que se trouve l'Aguelman de Sidi Ali ou Mohammed d'une longueur de 5 kilomètres, en caissée entre deux chaines dont la plus méridionale est maigrement boisée de cèdres. Ce lac au fond sableux et rocheux, et aux eaux douces, est très poissonneux; il a des rives de basalte.

La chaîne centrale commence à s'élever à l'Est de Tizi Ouaouizeght, et se trouve séparée du Grand-Atlas par une région. `de hautes plaines (1.700 m.) qui partage le sillon placé au milieu des deux chaînes entre les domaines hydrographiques de l'Oum er Rebia et de la Moulouya. Au Nord-Est les Dj. beni Mellal et Amhaouch, élevés et sauvages, aux flancs en partie boisés bordent le territoire de la puissante tribu des Art Scri. Coupée par le Tizi Mrachou, la chaîne se poursuit ensuite avec les massifs du Fazaz (Dj. Tazar, Aouya, Amrane, Jiniba) qui donnent sur la plaine de Zergou et le col de Tizi Taghzeft par où passe la route de Fès à Kasbat el Makhzen. Sa partie centrale, énorme, «< escarpée comme un rempart, tranchante comme une frise » est sombre et dénudée. On n'y voit que des rochers, quelques cèdres morts et en hiver de la neige. Ses culminants sont le Dj. bou Iblane et le Dj. Moussa ou Salah (3.787 m.), visibles de Fès, du Rif et du Grand-Atlas.

Les plissements de la chaîne orientale représentés par les Dj. Tiouant, O. Ali, surplombent la rive gauche de la Moulouya, occupée par les plaines des tribus Aït Tse:rouchen. On cite comme principal sommet de la chaîne le Dj. Ouarraïn (3.160 m.) qu'un affluent de l'Oued Mellilo appelé Oued en Nahr sépare du Dj. Bou Iblane. Cette ride se termine par le massif calcaire du Keddamin, à l'entrée de la Moyenne Moulouya; mais se relierait au Tell algérien par les massifs du Mtalsa, du Guilliz et des Beni Snassen, dans le Maroc Oriental.

De hautes plaines désertes, tombant en terrasses tant à l'Est qu'à l'Ouest et formant la ligne de partage des eaux entre l'Oued

Sous et l'Oued Draa permettent de passer du Grand au Petit Atlas, encore appelé Anti-Atlas. C'est un pays sauvage au milieu duquel s'élève le Dj. Siroua, la montagne la plus haute de cette chaîne qui se divise en deux parties bien distinctes. La première, à l'Ouest, haute de 2.000 mètres en moyenne, offre les caractères d'une véritable chaîne plissée, dirigée Sud OuestNord-Est et s'abaissant dans le Tazeroualt, à une altitude de 1.500 mètres environ. On y trouve quelques massifs, comme les Djebels Fidoust, Tizalmi, Ignan et Taïrt, pointements volcaniques qui émergent du plateau granitique, mais qui sont inférieurs au Dj. Siroua (3.300 m.) situé à l'extrémité de la première partie de la chaîne. Rappelant par ses déjections le grand volcan du Cantal et par ses dimensions l'Etna, il joue un rôle hydrographique important, car de ses pentes occidentale et méridionale coulent les Oueds qui donnent naissance aux fleuves du Sous et du Draa. La structure de la montagne se simplifie audelà du Dj. Siroua, et son importance diminue vers l'Est. Rétrécie de plus en plus, elle s'incline vers la plaine d'El Feidja au Sud, tandis qu'elle tombe au Nord dans la grande plaine déserte de Tarouni. La chaîne, dans cette partie, tire son caractère désolé des grès noirs luisants qui s'y trouvent soit en longues tables, soit sous forme d'une croûte constituée par de petites pierres noires. Vers l'Orient, le petit Atlas affecte, pour finir, la forme d'un plateau d'architecture tabulaire à altitude décroissante au Nord. Des reliefs comme le Dj. Tifernin et le Dj. Sagho (2.000 m.) y apparaissent comme les témoins. minuscules d'une grande table déchiquetée par l'érosion aux pieds des flancs ravinés de l'Atlas. Ces plateaux supérieurs appelés « plateaux du Draa et du Tafilelt » ont un sol pierreux parsemé de buttes-témoins à entablement calcaire qui portent le nom indigène de gour. Au fur et à mesure qu'on s'avance vers l'Est, le Petit Atlas diminue de hauteur pour ne plus former qu'une haute plaine dénudée et déserte qui se soude aux plateaux du Maroc Oriental aux environs du Tafilelt. Pour communiquer avec le Sud Marocain, on peut emprunter quelques cols d'accès assez facile. Ce sont le Tizi Asrar (1.934 m.) au pied du Fidoust, le Tizi Haroum (2.059 m.), au sud du Siroua, le Tizi Agni

(1.614 m.) qui donne accès à l'oasis de Tisnit et le Tizi Ngourgou dans le Dj. Sagho.

Au delà du Petit Atlas la vaste plaine de Feija, sillonnée de rivières à sec et parsemée de gommiers annonce le désert. Elle est limitée au Sud par les collines du Bani, dues aux efforts orogéniques qui ont plissé la grande chaîne de l'Atlas. Ce sont des bandes longues et étroites qui s'étendent, dans des régions monotones, de l'Atlantique au Tafilelt. D'une largeur n'atteignant pas deux kilomètres, elles se déroulent sur plus de 600 kilomètres de largeur, mais manquent d'élévation : leur arête ne domine le désert que de 200 à 300 mètres.

LE CLIMAT

ET LA VÉGÉTATION

On manque de données précises sur la climatologie de la montagne. Le versant maritime exposé aux vents de l'Atlantique saturés d'humidité est plus favorisé que le versant terrestre. Il ne bénéficie toutefois des précipitations atmosphériques qu'en proportion de son altitude, quoique l'augmentation n'en soit pas indéfinie : un maximum s'établit à certaines cotes et si le massif est très haut ou très épais, les sommets et les parties centrales sont défavorisés. Ce n'est guère qu'à partir de 1.000 à 1.200 mètres d'altitude que les précipitations se font sous la forme de neige. Celle-ci subsiste pendant l'hiver seulement car l'Atlas ne possède pas de neiges éternelles et de façon très inégale. Sur le flanc nord elle se maintient à partir de 1.500 à 2.000 mètres; on a noté 65 centimètres de neige, à Timhadit, par 2.000 mètres d'altitude, et 70 centimètres à Ito à 1.450 mètres dans le Moyen Atlas. Sur le versant du Sous, elle ne demeure le plus souvent qu'au-dessus de 3.500 mètres par suite de l'action immédiate des vents secs et chauds du Sahara et de la petite quantité des pluies. Sur les plateaux de la Moulouya supérieure, il ne pleut pour ainsi dire jamais, mais la neige couvre entièrement le sol en hiver. Le froid y est vif aussi bien qu'en montagne où la température s'abaisse considérablement dès novembre. On a enregistré à Timhadit jusqu'à -9° en décembre et — 11o en mars. Ce sont des froids analogues que connut l'explorateur de

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