dans certaines régions enfin, comme dans la vallée de l'oued Ouaouizert ou dans la plaine des Beni Mtir on trouve beaucoup de cavernes de troglodytes.

La population juive, très nombreuse en montagne, vit en bonne intelligence avec les autochtones. Elle se consacre au commerce et exerce des métiers dédaignés des indigènes. Dans les parties très passagères, comme le Glaoui, « des mellah sont disposés tout le long du chemin, habités principalement par des ouvriers juifs, forgerons, maréchaux ferrants qui donnent l'hospitalité aux voyageurs et exécutent pour eux les menues réparations courantes » (1).

En résumé, l'Atlas marocain sépare deux mondes. Son versant sud montre un pays nu et desséché, aux âpres rochers, aux oueds intermittents; il est comme brûlé par le souffle aride du dése rt, le chehilli. Le versant nord est, au contraire, le côté de l'humidité, des eaux courantes, des forêts et des prairies; par l'abondance et la régularité des pluies, par son sol bien doué il semble réunir toutes les conditions d'un pays fortuné. Mais, la chaine constitue une barrière difficile à franchir, aussi les voies historiques l'ont-elles contournée soit au nord soit au sud. Le commerce fera de même. C'est par ses extrémités en effet que les relations les plus importantes se sont établies jusqu'ici avec le reste de l'Afrique. Au nord le Trik es Sultan, dans la dépression sud-rifaine, a été de tous temps la route naturelle par laquelle se sont effectués les échanges commerciaux entre l'Algérie et le Maroc ; c'est cette voie qu'empruntera demain le rail qui reliera l'Océan Atlantique au golfe de Tunis. Dans le Sud, les cols de n'Telouet et de Bibaoun ont facilité l'introduction au Soudan des articles manufacturés d'Europe vid Mazagan ou Mogador; de même qu'ils ont attiré les caravanes qui apportaient à Marrakech les produits du Sous et de la région soudanaise. Aussi ne serait-il pas étonnant que dans l'avenir une branche du futur transafricain utilisât ces passages pour atteindre Tanger à trois heures de mer de l'Europe occidentale, à moins que la nouvelle route ouverte, dans le Moyen

(1) Paul Lemoine, Op. cit., p. 23.

Atlas, par le col de Taghzeft ne paraisse la plus pratique pour les communications entre Tanger et le Sahara. Tout ceci est d'ailleurs encore d'une réalisation assez lointaine, car l'homme n'a pas encore pris complètement possession des hauteurs. Au préalable sans doute il trouvera d'abondantes ressources naturelles à exploiter dans la forêt, les pâturages et les mines. Les prospections iront probablement de pair avec les débuts d'une autre industrie moins ardue, celle du tourisme, que le Gouvernement du Protectorat prépare déjà au Maroc et qui prendra tout son développement dans l'Atlas où les sites pittoresques abondent et au pied duquel se trouvent les trois grandes villes du Maroc, originales et révélatrices : Fès, Meknès, Marrakech.

CHAPITRE Vi

La dépression du Sous

La plaine du Sous, enserrée entre le Grand et le Petit Atlas, constitue dans le Sud une dépression analogue à celle du Sebou dans le Nord. Née des mouvements orogéniques qui, aux temps tertiaires, produisirent des tassements sur les deux versants de l'Atlas marocain, elle fait pendant aux plaines d'effondrement du Draa et de Marrakech. « La vallée du Sous apparaît ainsi comme une vallée symétrique; la structure du flanc septentrional de l'Anti-Atlas (Petit Atlas) rappelant celle des avantsmonts du Haut Atlas (Grand Atlas), de l'autre côté de la plaine du Sous »> (1).

LES LIMITES ET LE RELIEF

Le Sous est une plaine orientée d'Est en Ouest, affectant la forme d'un triangle dont l'Océan constitue la base et Agadir l'un des sommets. Sa largeur d'une vingtaine de kilomètres à l'Est devient plus considérable vers le Sud où la plaine s'ouvre sur le pays des Chtouka. D'Aoulouz à Agadir, elle mesure 140 kilomètres environ de longueur. Dans ces limites, entre les hautes chaînes du Grand Atlas occidental et les plissements du Petit Atlas, cette plaine ne couvre pas moins de 3.000 kilomètres carrés de superficie.

On peut considérer cette région comme formée par la superposition de trois terrasses qui s'étagent vers l'intérieur paral

(1) L. Gentil. Le Maroc physique, page 61.

lèlement à la mer. En bordure de l'Océan, de l'Oued Sous à Aglou, s'étend une plaine littorale, haute de 80 à 100 mètres, où se développent parfois quelques dunes couvertes de retem et des forêts d'arganiers. Cette plaine est dominée par un plateau, qui déborde chez les Chtouka, et qui va en se rétrécissant vers le Sud pour mourir aux approches de Tiznit où apparaissent les tirs en affleurement avec des schistes anciens. Au-dessus, enfin, s'élève la montagne (2.000 à 2.500 m.) qui se soude à l'Est au Dj. Siroua. C'est un pays encore peu connu. Les colonnes françaises l'ont parcouru seulement en 1917 pour soustraire cette << marche » du Sud aux menées d'El Hiba, à la solde de l'Allemagne. Les opinions sont assez contradictoires sur sa valeur économique. D'après le Capitaine Bourguignon, le sol de la vallée serait fait en majeure partie d'une terre assez légère dont la fertilité se révèle dès qu'elle est suffisamment irriguée. «< Plusieurs alignements de médiocres collines calcaires ou rocheuses rompent l'uniformité de la plaine. Vers le milieu, chez les Oulad Iahia, l'Oued traverse une région sableuse couverte de tamaris, puis une zone marécageuse que créent les sources qui alimentent la population et les vastes jardins de Taroudant» (1). Dans le Sud, au contraire, se révèle un Sous sableux et caillouteux où de misérables plantes disparaissent dès les premières chaleurs.

LE CLIMAT

La température est plus élevée au Sous que dans la plaine de Marrakech, car les faibles hauteurs du Petit Atlas ne constituent pas un obstacle sérieux au passage des vents d'Est (chergui) qui soufflent fréquemment l'été. Ce climat saharien est toutefois atténué en partie par les effets du climat atlantique. « En effet, entre midi et une heure et demie, une brise venant de l'Ouest se fait sentir, à Taroudant comme à Marrakech, apportant quelque tempérament à la chaleur accablante du matin et cette brise est si régulière qu'il est impossible de ne pas la remarquer. Cette

(1) Bourguignon. La région du Sous. Conférences franco-marocaines, t. I, page 369.