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brise se change parfois en vent plus violent porteur de nuages, mais les pluies sont relativement rares après les derniers jours de mars» (1). Il est probable qu'il ne tombe pas plus de 20 à 25 centimètres d'eau par an dans le Sous.

L'HYDROGRAPHIE

On rencontre, dans la plaine du Sous, les deux bassins de l'Oued Sous et de l'Oued Massa.

L'Oued Sous, fleuve le plus important du pays, est constitué par la réunion du Tifnout, venu du Glaoua, avec l'Oued Zagmouzen né au Dj. Siroua. A partir d'Aoulouz, le fleuve prend sa direction Est-Ouest et se divise en deux parties : le Ras el Oued dans son cours supérieur et l'Oued Sous dans son cours inférieur. Le Ras el Oued coule, rocheux, dans une plaine très unie que borde la montagne et où se pressent sans discontinuité des jardins, des champs de céréales et des villages animés. De cette partie, la plus riche du Sous, dit-on, il sort par un kheneg (défilé) aux approches de Taroudant, pour prendre désormais un caractère régulier qui s'accentuera de plus en plus vers l'aval. Le fleuve passe à 3 kilomètres de Taroudant, située sur la rive gauche de l'Oued el Ouar et qui occupe approximativement le centre de la plaine. Les eaux sont presque partout captées pour l'irrigation; mais ce fait se produit moins dans le cours inférieur du Sous, où se trouvent les territoires des Haouara, des Mesguina et des Ksima. A partir d'Azrou, l'O. Sous « a de quinze à vingt mètres de largeur et n'est guéable que par endroits. Mais l'été, le volume de l'Oued est infime et en amont d'Azrou, il est presque toujours à sec durant la saison chaude » (2). Par suite des conditions différentes dans lesquelles s'opère l'irrigation, les deux côtés de la vallée s'opposent l'un à l'autre au Sud c'est le pays des jardins et des prairies jusqu'au Petit Atlas, au Nord, c'est le désert de lehm, coupé de quelques forêts d'arganiers jusqu'au pied du Grand Atlas.

(1) De Lacharrière. Le ras el Oued Sous, in La Géographie, t. XXV, 1912, P. 424.

(2) Henry Dugard. La colonne du Sous, page 24.

L'Oued Sous se jette dans l'Océan à une petite distance d'Agadir, où son embouchure est obstruée par les sables. Sur son parcours le fleuve reçoit de nombreux affluents, dont les principaux sont, à droite : les Oueds el Amdad et Art Moussa, tandis que ceux de gauche, descendus du Petit Atlas, se perdent parfois en plaine avant d'arriver jusqu'à lui.

L'Oued Sous marque plus énergiquement que le Tensift la transition vers le climat saharien. Extrêmement irrégulier, il est tour à tour filet d'eau ou large torrent; ses crues d'hiver et de printemps sont toutefois atténuées par les larges prélèvements qui y sont faits pour l'irrigation des terres riveraines. Aussi la plaine du Sous offre-t-elle l'aspect d'une série d'oasis, séparées par des régions partiellement exploitées en cultures non irriguées ou couvertes de brousse épineuse et de forêts d'arganiers. « Ces oasis sont des oliveraies chaque fois que la présence de séguias permet l'emploi d'une vaste irrigation; ce ne sont que des jardins, des champs de céréales ou quelques plantations de figuiers quand il n'existe que des puits. Les oliveraies sont vastes et forment un chapelet très serré le long de l'Oued, surtout en amont de Taroudant; les affluents de l'Oued, en créent de semblables, surtout à leur débouché en plaine » (1).

Moins important, le bassin de l'Oued Massa ne diffère pas beaucoup d'aspect de la vallée du Sous. Le fleuve collige les eaux descendues en éventail du Tazeroualt et du Petit Atlas (assifs Kerker, Tighmi, Oulras). Entré en plaine à Tankist, il se termine à Arbalou. Dans sa partie supérieure sa rive gauche, composée de collines à pic où s'accrochent les pittoresques villages des Ida ou Loul, contraste avec sa rive droite sur laquelle s'étalent jardins et prairies. La vallée inférieure ressemblerait assez à celle du Sous, si par suite de conditions climatériques plus chaudes et plus sèches, la végétation n'y était pas plus pauvre ; les champs de figuiers remplacent les oliveraies du nord. Des dunes, que prolonge une épaisse forêt d'arganiers, dite raba d'ademin, la séparent du pays des Haouara.

(1) Bourguignon. Op. cit., page 369,

Notons enfin qu'au pied du Petit Atlas, il existe des fleuves souterrains on se demande si l'un d'entre eux, à 15 mètres de profondeur, ne serait pas le canal collecteur du système hydrographique d'une partie de la région.

L'AGRICULTURE
ET L'ÉLEVAGE

La richesse agricole du Sous se présente sous une forme discontinue, latente et artificielle. Soumise à un climat desséchant elle est fonction des ressources aquifères de la région ou de l'influence marine. Dans la plus grande partie du pays, les pluies ne suffisant pas normalement à assurer la récolte, l'abondance et la luxuriance de la végétation ne se rencontrent que dans les régions irriguées. Or, dans la vallée du Ras el Oued, sur une plaine de 20 à 30 kilomètres de largeur, la partie irriguée ne couvre pas plus de 1/10 de la superficie et en aval de Taroudant, sur une plaine de 35 à 40 kilomètres de largeur, la proportion n'est plus que de 1/15 environ. Dans la partie non irriguée, dite bour, qui se trouve à 10 ou 15 kilomètres de la mer, l'influence de l'océan se fait sentir les cultures y varient bien d'étendue suivant l'importance des pluies d'hiver les pluies de printemps étant rares-mais les récoltes y sont assez régulières; c'est à cette influence marine qu'est due la richesse des Aït ba Amrane. Par ailleurs, ce ne sont que des taches de cultures, comme chez les Chtouka où quelques ilôts émergent irrigués par l'homme, qui trouve à sa portée des puits peu profonds inépuisables l'été comme l'hiver. Les puits sont également fréquents chez les Haouara et les Mesguina. Ailleurs et généralement au pied du Petit Atlas, les agglomérations sont très denses autour de sources abondantes; elles forment des oasis au milieu de bleds caillouteux et infertiles tels sont les centres de Ouijjan, Talaïnt, Regada, Igh Boula, Bou Naaman, Aglou.

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Sur ces terrains, presque exclusivement calcaires et légers, et parfois revêtus d'une couche superficielle de sable, il pousse surtout du maïs, de l'orge, un peu de blé, du mil à balai et quelques légumes (fèves, oignons, pois, carottes). Ces cultures pourraient être fortement développées par une meilleure utili

sation de la nappe d'eau souterraine. C'est, en effet, là une question primordiale. A cette latitude l'indigène considère du reste l'eau plus que la terre comme un moyen d'existence et souvent est-il obligé de se servir de canaux où l'eau est mal distribuée, quand même elle n'en est pas totalement absente. Autour des agglomérations, des jardins particulièrement soignés contiennent des orangers, citronniers, abricotiers, pêchers, grenadiers, de la vigne etc. et le long des oueds, ou près des points d'eau, les oliviers se rencontrent en quantités considérables. C'est ainsi qu'au Ras el Oued par exemple l'olive est la principale ressource de l'habitant, les céréales n'y étant que secondaires. Les arganiers peuplent de vastes forêts dans la vallée du Sous et sur les pentes des montgnes. C'est peut-être l'arbre le plus abondant dans le pays. Son fruit donne une huile très estimée des indigènes, de l'eau-de-vie de qualité inférieure et des tourteaux qui servent à la nourriture des chameaux. On cueille enfin du henné dans le Ras el Oued et du safran dans le Petit Atlas.

En général médiocre, au point de vue de l'agriculture, le Sous ne paraît pas mieux doté sous le rapport de l'élevage qui y est encore peu développé. Les terrains de parcours y sont d'ailleurs assez maigres. Sauf la chèvre qui se rencontre partout et constitue la base de l'alimentation de l'indigène, on ne rencontre que peu de bovins, et des chevaux en diminution par suite des guerres. L'élevage du chameau est lui-même peu répandu sauf chez les Akhssas et les Art ba Amrane. C'est dans le Ras el Oued aux terres grasses que le bétail semble le mieux entretenu.

LES CARAVANES

ET LES FOIRES

Marche la plus avancée du Sud Marocain, le Sous est naturellement un lieu de transit entre le Maroc et le Soudan. Le Maroc se fournissait jadis en esclaves, ivoire, plumes d'autruche et or au Soudan, qu'il approvisionnait en marchandises d'importation européenne. Aujourd'hui ce courant est réduit à une caravane annuelle qui vient de Tombouctou et, de ce fait, la vie économique du Sous s'est rétrécie et limitée aux

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