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pays est sur la route du Soudan, d'où venaient les esclaves. Sédentaire, la population s'est fixée surtout dans la vallée de l'Oued Sous et au bas de la montagne, dans des maisons de pierre ou de pisé, le plus souvent groupées autour d'un sanctuaire ou à côté de la demeure puissante d'un caïd. Quelques- ' unes de ces habitations sont disséminées dans les bois d'oliviers et les forêts d'arganiers (1).

Le Soussi, beau au physique, est intelligent et ouvert, son caractère sociable se traduit par la familiarité de ses relations avec l'étranger. Dur au travail, il est un émigrant de premier ordre. On le rencontre dans tout le Maroc, comme bateleur sur les souks, moissonneur dans les champs jusque dans le Gharb, revendeur d'huile et de dattes sèches dans les petites échoppes de toutes les villes; terrassier ou manœuvre sur les routes. On le trouve aussi comme travailleur agricole en Oranie, et tirailleur ou employé d'usine en France et mineur en Algérie-Tunisie. Cette émigration est temporaire les Soussi « ne partent pas sans esprit de retour et correspondent assidûment avec les leurs restés au pays, à qui ils envoient leurs économies et des cadeaux les jours de fête. Ils sont véritablement assez nombreux, ceux d'entre eux qui ont ainsi parcouru la Tunisie et l'Algérie ; quelques-uns même y ont appris à parler fort correctement le français et ces mœurs n'ont pas nui, sans doute, aux progrès de notre cause chez eux » (2). Chaque année, de nombreux Soussi reviennent dans leur pays natal, avec un petit pécule qui leur permet d'acheter de la terre et de fonder une

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(1) En outre des Kasbah seigneuriales et des Agadir (forteresses) on trouve des maisons de forme cubique recouvertes de terrasses ou de toits de roseaux. « Dans les constructions de la montagne les ouvertures sont rares et petites aux étages inférieurs pour des raisons de sécurité, aux étages supérieurs, elles sont quelquefois assez vastes. Dans la vallée du Sous, au contraire, les habitations ne se composent généralement que d'un rez-de-chaussée, avec la porte comme seule ouverture donnant sur un patio. Une des caractéristiques les plus remarquables des maisons chleuh est une décoration composée de dessins géométriques se détachant généralement en blanc sur le crépissage rouge, et dont l'origine serait peut-être à rapprocher des litres, dont s'ornait parfois l'extérieur de certaines églises médiévales (De La charrière, op. cit., p. 426).

(2) Bourguignon, op. cit., p. 378.

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famille chez eux. Dans ces conditions on ne doit pas douter que les Soussi accepteront avec plaisir la collaboration des Français, lorsque leur pays sera ouvert aux Européens. On pourra compter sur eux pour le développement des ressources présentes et pour la création de cultures nouvelles (canne à sucre, coton), à condition toutefois que le problème de l'eau, véritable question politique dans ce pays, soit résolu comme il faut. Mais il est bon de ne pas perdre de vue que ces Soussi sont propriétaires du sol qu'ils exploitent et que, dans les régions fertiles, ils ne laissent inoccupée aucune parcelle de terre cultivable. Il n'y a donc aucune raison de les éliminer. Notre méthode de colonisation ne pourra dès lors consister que dans l'association avec ces propriétaires pour une exploitation plus intense ou dans l'établissement de comptoirs commerciaux. C'est une tutelle et non une main mise sur le Sous que nous devons envisager.

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CHAPITRE VII

Les plaines et plateaux du Maroc Oriental

On comprend sous le nom de Maroc Oriental la grande région qui s'étend, entre l'Atlas Marocain et l'Algérie, de la Méditerranée aux Plateaux Sahariens. Sa séparation d'avec l'Algérie est politique par les traités de 1845 et de 1902-03 le Maroc Oriental a reçu des limites artificielles, bien que géographiquement il continue les massifs montagneux, les plaines et les plateaux Oranais. Dans le Sud, le Maroc Oriental confine aux « Territoires Sahariens ». On peut distinguer dans cette région deux grandes zones orographiques qui appartiennent au système nord-africain et dont la succession se fait dans le sens de la latitude : la première, sur le littoral caractérisée par des plissements fait partie du Tell algérien qui se prolonge à l'Ouest; la deuxième présente l'allure tranquille d'une région d'architecture tabulaire, où la steppe apparaît comme la continuation de celles de l'Oranie.

L'OROGÉNIE

ET LA STRUCTURE

Tectoniquement le Maroc Oriental est formé par trois zones bien distinctes constituées pendant la période néogène. La première comprend la région littorale qui s'étend des Kebdana à Nemours elle appartient aux débris d'une chaîne fortement plissée, et ses terrains, formés de dépôts de mers profondes, ont subi des efforts orogéniques puissants qui ont compliqué le phénomène de plissement. Ces reliefs tectoniques ont été démantelés, puis envahis par les mers miocènes,

et modifiés par le travail de l'érosion; tandis que la région littorale d'abord occupée par des dépôts argileux et sableux a été déblayée, dès le début du pliocène, pour devenir la plaine d'inondation des Trifa. Pendant ce temps, la communication était établie entre le bassin de la Tafna et la Moyenne Moulouya par les Angad.

La deuxième zone, où se trouve le massif des Beni Snassen, offre des plis plus simples. Ce dernier montre la superposition de trois plis formant trois écailles imbriquées, légèrement poussées vers le Sud et nettement déversées dans cette direction. D'abord séparé de l'Algérie, le massif des Beni Snassen lui a été relié après la surrection générale du pays et est devenu la proie de l'érosion, à l'époque secondaire. « C'est ainsi que toute la série jurassique primitivement continue dans le sens horizontal, depuis le Djebel Filhouacen jusque chez les Beni bou Yahi, a été enlevée chez les Achach en Algérie, et dans la zone frontière jusqu'aux approches de Taforalt. Au contraire, dans la région déprimée de la chaîne, chez les Beni Ourimech, les Beni Mahiou et les Beni bou Yahi, on voit encore conservés les niveaux les plus élevés du jurassique supérieur. Le cœur du dôme des Beni Snassen a même été complètement décapé de sa couverture secondaire, laissant à nu le noyau de schistes primaires et de roches volcaniques antéliasiques qui perce au Djebel bou Zabel » (1). Dans les plaines des Trifa et de l'Angad, deux séries de crètes et de mamelons qui bordent les Beni Snassen parallèlement à l'axe de la chaîne, sont des témoins de cette érosion. A ces phénomènes orogéniques sont liées des manifestations éruptives survenues aux temps néogènes (volcans des Msirda, des Angad) qui sont en rapport avec les effondrements successifs, préparateurs du lit de la Méditerranée actuelle.

Enfin, la zone des Beni Bou Zeggou porte la trace d'actions orogéniques très atténuées, faisant pressentir une tranquillité parfaite des couches plus au sud. « Les plissements se réduisent à de simples ondulations que l'on peut suivre sur une

(1) Gentil, Le Maroc Physique, p. 216.

grande étendue dans une succession de couches à peu près horizontales. Et, comme, dans les pays d'architecture tabulaire, les calcaires jurassiques, qui forment la masse principale de ces montagnes, s'y montrent fréquemment disloqués » (1). Ces morcellements des couches secondaires par un faisceau de failles presque verticales ont donné à la surface du plateau, qui s'étend sur plus de 200 kilomètres, une disposition en escalier dont les marches seraient légèrement soulevées vers le sud. Ces plateaux sont bornés au midi, par la grande nappe néogène et quaternaire des hautes plaines de la région des chotts où se rencontrent fréquemment des formes de modelé caractérisées par la fréquence des gours, buttes-témoins ménagées par une érosion assez avancée dans le plateau jurassique.

Au point de vue du relief le Maroc Oriental est composé de massifs montagneux qui forment son ossature et de plaines immenses.

Les Beni Snassen font suite au massif des Tra ras d'Algérie, dont ils ont la structure, l'altitude et l'aspect. C'est un vaste bombement elliptique allongé dans le sens Est-Ouest, dont les plis s'abaissent vers l'Est (col de Guerbous, 500 m.) et à l'ouest (Beni Mahiou, 123 m.). On y rencontre des roches volcaniques et schisteuses, donnant des reliefs assez usés (Djebel Fourhal, 1.535 m., Djebel bou Zabel) et dans l'Ouest, des calcaires et dolomies jurassiques qui se découpent en parois abruptes et pittoresques ou en vallées ouvertes en forme de cirque. C'est un pays âpre qui se prête médiocrement à la culture, surtout sur son versant méridional que n'arrosent pas les pluies de la Méditerranée. Les vallées renferment toutefois des amandiers et des orangers, et le versant nord, sur lequel se groupent des boisements de thuyas, de chênes verts, de lentisques, de génevriers, jouit même d'une certaine réputation pour sa fertilité et l'excellence de ses fruits. Les Beni Snassen sont bordés de deux séries de mamelons. Ce sont au sud, les Djebel Meghris (1.008 m.), Hararza et les collines de Si Soltane (891 m.), Ter

(4) Gentil, Le Maroc Physique, p. 139.

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