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bougies, etc. nécessaires aux tribus marocaines, en échange de leurs bœufs, moutons, céréales, laines et peaux. Grand foyer d'échanges avec l'intérieur Oudjda est aussi un centre actif d'importation et d'exportation. Elle est surtout en relations avec l'Algérie à qui le Maroc Oriental envoie annuellement pour 12 à 15 millions de francs de produits et dont il reçoit en nombre croissant des marchandises d'une valeur annuelle de 50 millions de francs (1). Ce courant commercial entre l'Algérie et le Maroc est régi par un régime douanier spécial (accord de 1902). La circulation des marchandises est facilitée par de bonnes routes qui menacent d'Oudjda à Lalla Marnia, à Martimprey, à Saïdia, à Taourirt, et dans le Sud nous disposons de pistes qui mènent à Bou Denib (376 km.). A l'Ouest la route OudjdaTaza, le Mehach es Sultan des indigènes, est doublée d'un chemin de fer militaire, d'un parcours de 230 kilomètres et que des Djiouchs insoumis attaquent de temps à autre, notamment entre Mçoun et Taza. Il doit bientôt être relié au chemin de fer Casablanca-Fès-Taza, en construction, comme il prolonge déjà vers l'Est la ligne Oran-Lalla-Marnia-Oudjda (248 km.). L'importance de cette dernière voie pour le commerce français est considérable; c'est par elle que se fait le trafic avec Oran aux dépens du port espagnol de Melilla auquel conduit la route, en partie achevée, Berkane-Zaio-Selouan, longue seulement de 154 kilomètres. A l'effet de combattre cette concurrence gênante pour leurs visées d'expansion économique vers Oudjda et l'Algérie, les Espagnols ont rendu Melilla « port franc », et envisagent de nouvelles mesures, entr'autres le développement des routes vers le Maroc Oriental et la construction d'un pont sur la Moulouya. Nous leur répondons par des tarifs de transport spéciaux et par la construction d'une voie ferrée qui partant de Ceflet, près de Guercif, gagnera Mahiridja et se prolongera éventuellement vers Kasbah el Makhzen, de manière à placer complètement le Sud sous notre dépendance économique, en

(1) Ces chiffres comprennent tant les échanges de la zone septentrionale que ceux de l'Extrême-Sud. Annuaire Economique et Financier du Maroc, 1917, p. 89.

attendant que les circonstances permettent un effort plus considérable en faveur du Maroc Oriental. Les événements militaires qui viennent de se dérouler dans le Tafilelt montrent plus que tout autre chose l'intérêt que nous avons, tant politique qu'économique, à relier entr'eux le nord et le sud de ce vaste

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CHAPITRE VIII

Le Sahara Marocain

Au delà des Plateaux du Maroc Oriental et du Petit Atlas, le Maroc géographique se continue par une région saharienne jusqu'à des limites assez difficiles à déterminer pratiquement. Le Maroc s'arrête dans le Sud, aux confins des Territoires Sahariens et de l'Afrique Occidentale française, et vers l'Est à la frontière algérienne qui passe près de Figuig. Cette zone toutefois n'est pas intégralement soumise à notre influence : il faut en soustraire le Rio de Ouro et l'établissement de Santa Cruz de Mar Pequena (Ifni) qui appartiennent à l'Espagne.

L'ASPECT OROGRAPHIQUE

Le Sahara Marocain n'est autre chose que le bord septentrional du Plateau Saharien, qui par sa structure mérite d'être rapproché des mesetas marocaine et sud-oranaise. Il est formé d'un socle primaire provenant de l'arasement de la chaine hercynienne sur lequel repose une succession de couches secondaires et tertiaires, rappelant, malgré des différences de détails, les autres mesetas du Maroc. Le sol du plateau est recouvert tantôt de marnes, d'argiles et de calcaires stratifiés durs et d'allure générale Est-Ouest, tantôt de grès grossiers, d'argiles rouges ou brunes, de poudingues. Cette formation a été entamée par érosion et a laissé des débris en forme de hamada et de gour, séparés par des vallées. Toutes ces roches affleurent en bancs polis et glissants ou sont recouvertes d'une mince couche d'argile ou de sable quartzeux revêtues d'une maigre végétation (chih, guedin, retem). La physionomic du pays ne se modifie que là où les oueds, descendus de rides et d'avant-monts, s'épanouissent dans d'ingénieux réseaux d'irri

gation qui changent le désert en délicieux jardins et en vastes champs de cultures. Le trait dominant de cette région, caractérisée par la tranquillité parfaite de ses assises géologiques, est qu'elle forme un passage insensible vers le Sahara.

Certains plis naissent dans le désert, provoqués par les mouvements orogéniques de l'Atlas; on ne les y rencontre toutefois qu'en petit nombre. Ce sont le Djebel Ouarkziz, file de collines analogues à celle du Bani qui encadre le cours moyen de l'Oued Draa; le Djebel Chelkha, le Djebel el Merikkat, au sud du Tafilelt, le Djebel bet Touadjine et l'Erg el Atinine au sud de l'Oued Daoura, enfin le Djebel Grouz (1.905 m.), ride méridionale du Grand Atlas qui va «< relayer » les plis septentrionaux de la chaîne des Ksour. Toutes ces montagnes sont traversées, au fond des cluses (kheneg), par des cours d'eau, mais leur relief est mangé et rongé par le soleil : « Le roc, abandonné par la terre qui lui servait de gaine, tombe à son tour et ce sont des arêtes vives, des fins brusques (1). Dans le Sud s'étendent quelques chaînes d'erg, dunes de sable mouvant.

LE CLIMAT ET LES EAUX

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C'est une région à climat désertique; la température y est extrême et il reste souvent huit ou dix mois sans pleuvoir. Bien que nous soyons très incomplètement renseignés sur la climatologie de cette contrée, on peut dire cependant qu'il n'y tombe jamais plus de 10 à 15 centimètres d'eau dans l'année. Ces chutes d'eau se produisent sous la forme d'énormes averses qui tombent seulement trois ou quatre fois par an. Quant à la chaleur, elle est très forte le jour, car le soleil n'est pas plus tôt levé qu'il darde des rayons ardents et que le vent chaud du Sud souffle fréquemment; aussi le thermomètre monte-t-il parfois à 52o au soleil, marquant 35o et 40° à l'ombre (2). Les nuits sont fraîches l'été. La température descend à 15° en hiver et s'abaisse à — 5o à Talsint et 10° à Bou Denib, où les pluies se transforment en neige à la mauvaise saison.

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(1) A. Colliez, La frontière algéro-marocaine, page 92.

(2) Le Tafilelt, Bulletin de l'Afrique Française, 1910, suppl. p. 248-255.

Les oueds de la région saharienne ont également un caractère désertique. Ce sont des lits de rivières très longs, parfois très larges et presque toujours intermittents; les eaux se perdent dans le sable et cheminent sous terre. Ce sont eux cependant qui communiquent la vie aux contrées qu'ils traversent: sur leurs bords s'échelonnent, en un ruban de verdure, palmeraies et ksour. Les trois oueds les plus connus sont : l'oued Draa qui appartient au versant atlantique et les oueds Ziz et Guir du versant saharien.

BASSIN

DE

L'OUED DRAA

L'Oued Draa est la plus grande artère hydrographique du Maroc, mais il reste très inférieur, par sa masse liquide, à la Moulouya, au Sebou et à l'Oum er Rebia, car il est le plus affecté par l'assèchement désertique en été, ses eaux se perdent dans le sable. Le cours du Draa se divise en trois parties: le bassin supérieur de l'Oued Draa est formé de la réunion de deux torrents bordés de villages et de cultures : l'oued Dadès et l'oued Idermi. Le premier, né sur le flanc méridional du Grand Atlas reçoit quelques tributaires de l'Atlas et du Sagho avant de se réunir dans le Kheneg Targa, à l'oued Idermi, qui est formé de trois rivières : l'Idounil, l'Iriri et l'Imini descendus du Djebel Siroua. Ces cours d'eau arrosent de nombreux ksour peuplés de 200 à 500 habitants, et dessinent des vallées où abondent noyers, figuiers et oliviers. Le cours du fleuve est large de 30 à 40 mètres et sa profondeur oscille entre 30 et 40 mètres. En temps de crue sa largeur atteint près d'un kilomètre (1).

Le bassin moyen commence après le Kheneg Targa. Jusqu'à El Mehamid le fleuve coule alors dans le bled Draa, perpendiculairement aux plissements du sol qui diminuent de hauteur et s'écartent de la vallée vers le Sud. Au delà de Tamegrout au croisement des routes qui se dirigent sur Marrakech, le Touat, le Tafilelt, l'Oued Noun et la vallée du Sous, l'O. Draa perce

(1) Capitaine Regnault, Le cours moyen de l'Oued Draa, in Bulletin de l'Afrique Française, 1905, Suppl. p. 17-35.

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