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L'ÉLEVAGE

Le Maroc doit au régime de ses eaux et surtout à l'immense étendue de ses terrains de parcours de trouver dans l'élevage une de ses ressources importantes. Cet élevage néanmoins est plus stable qu'en Algérie-Tunisie : il n'a jamais donné lieu à une grande transhumance en raison de l'insécurité traditionnelle du pays qui fut toujours préjudiciable au développement des races. D'autre part, l'ignorance et la négligence de l'indigène à apporter des soins à son troupeau ont laissé cet élevage très primitif; faute d'entretien et de méthode les espèces animales vont au Maroc plus en rétrogradant qu'en s'améliorant. Malgré l'incurie des éleveurs qui les exposent à des famines et à des épizooties, les races locales, grâce à leur rusticité incomparable, ont une énergie vitale qui s'est manifestée en ces dernières années le cheptel décimé dans une proportion de 60 à 75 0/0 à la suite de la sécheresse de 1913, a pu se remettre à niveau en 1916, c'est-à-dire en trois ans. L'âne, le mulet, le cheval, le chameau, le bœuf, le mouton, la chèvre et le porc sont les principales espèces animales du Maroc (1).

L'âne est très commun; il est recherché à cause de ses qua

2 bœufs de travail (qui resteront sa propriété après la récolte), 5 hectolitres de blé, 8 hectolitres d'orge, 1 hectolitre de lin, 1 hectolitre de fenugrec, 25 francs pour la moitié du sarclage et 100 francs pour la moitié du prix des moissonneurs. Il a droit, en retour, à la moitié de la récolte. 2o) Emploi d'un capital de 9.000 francs.

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(1) Cf. H. Geoffroy Saint-Hilaire. Les animaux domestiques du Maroc et surtout son beau livre sur l'Elevage dans l'Afrique du Nord.

lités rustiques et de sa sobriété. Il y en aurait 286.000 dans le Maroc Occidental, comprenant deux variétés : le « bourricot » endurant et solide que possède même le pauvre et le baudetétalon qui est traité avec ménagements en vue de la production du mulet. Les mulets (43.000) comme les chevaux (107.500) sont devenus des animaux de luxe en raison de leur valeur élevée (1). L'élevage du mulet, animal fort, sobre, intelligent et doux, ne doit plus être fait pour satisfaire aux seuls besoins des éleveurs. Etant données ses qualités il doit être largement étendu, à l'avenir, et fait dans un but commercial; car si le mulet a conquis Madagascar et le Maroc, comme disent les vieux Africains, la guerre a montré qu'on pouvait l'utiliser aussi comme animal de culture ou de traction. Aussi la production mulassière estelle appelée à un développement considérable. C'est une exploitation qui promet d'être rémunératrice, d'autant plus que la guerre a fait une immense consommation de mulets: la France et l'Afrique du Nord se montreront certainement des consommateurs importants. Le cheval marocain est le même que celui qui se présente communément dans l'Afrique du Nord et qui est qualifié de barbe. Mais, modifié dans ses caractères orientaux, il n'est plus actuellement qu'un mélange des sangs les plus divers; c'est un dégénéré qu'il faut refaire complètement et <«< s'il ne vaut pas ce que valaient ses ancètres, c'est que les indigènes en ont perdu le goût, en ont fait surtout un animal de bât ou de transport ». On sait, en effet, que le but principal des croisements chez l'indigène est de grandir les produits autant que possible. Ce n'est que dans l'Atlas où se trouve le cheval Djebelli que le type a conservé purs ses caractères primitifs. Le Gouvernement français se propose de constituer la jumenterie du pays pour rectifier dans la race ce qu'elle a de défectueux dans sa conformation et lui infuser le sang et la vigueur qui lui manquent. Un stud book a été établi et fonctionne ainsi que des haras et des dépôts de remonte. Le cheval breton, né sous le climat atlantique, semble devoir être l'étalon

(1) En 1912-13, un beau mulet de 1 m. 45 à 1 m. 50 valait de 700 à 900 francs; aujourd'hui il n'est pas rare de le payer de 1.800 à 2.000 francs et même davantage.

de choix. Il est à espérer que, par de judicieux croisements, le cheval barbe qui s'impose déjà comme cheval de résistance représentera le type parfait pour la cavalerie et que de pressants appels seront faits au Maroc pour les remontes futures. Les chameaux (65.000) ou plus exactement les dromadaires. nombreux sur tout le territoire, mais particulièrement élevés et exploités dans les régions du Sud et du Maroc Oriental, sont utilisés par les indigènes pour les labours et les transports. Leur toison ou oubeur sert à la fabrication de tissus indigènes réputés pour leur solidité (vêtements, tentes, cordes) et de filtres et de courroies de transmission pour les Européens. La couleur la plus recherchée est la couleur kaki ou chocolat. Toutefois la production cameline, sans grand développement possible pour l'avenir, ne doit être réservée que pour en maintenir l'exploitation de l'espèce, les services que rend le chameau étant inappréciables.

L'industrie pastorale, généralement pratiquée au Maroc, exploite particulièrement les espèces bovine et ovine. La population bovine qui est de 1 million de têtes environ dans le Maroc occidental vit surtout dans le Gharb et les Beni Ahssen, dépressions géologiques que l'alluvionnement a comblées de limons généreux et fertiles, chez les Beni M'tir, au sud d'El Hadjeb où d'abondants pâturages assurent la transhumance des troupeaux, chez les pasteurs semi-nomades Zemmours et Zaers des environs du Rabat, en Chaouïa où le plateau supérieur recouvert d'une carapace calcaire constitue, avec ses marais et ses dayas, une région propice à l'élevage, en Doukkala-Abda, enfin, où le Sahel couvert de palmiers nains et de retem est apprécié pour le parcours des troupeaux. Le bœuf marocain rustique et vigoureux appartient à la race ibérique dont l'aire géographique comprend tout le bassin méditerranéen. Excellent animal de travail et de boucherie, il est apte à un engraissement rapide son poids moyen vif qui varie de 100 à 250 kilos dans la montagne, atteint jusqu'à 450 kilos à la côte. La race est donc supérieure à celle de nos autres possessions de l'Afrique du Nord où les animaux ne dépassent pas 250 kilos vifs. La vache est également meilleure laitière, plus

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