Images de page
PDF
ePub

on le croit généralement, dénuée de valeur économique. Antérieurement à l'établissement de son Protectorat, l'Espagne s'était préoccupée d'exploiter les richesses du sous-sol, notamment les mines des Beni-Ifrour. Actuellement quatre compagnies, dont certaines à capitaux français et possédant des chemins de fer miniers, extraient du plomb, du zinc et du fer à une trentaine de kilomètres au Sud de Melilla; une cinquième vient de se créer à Tetouan. Le Rif renferme aussi quelques plaines qui se prêtent admirablement à la colonisation agricole c'est ainsi que les Espagnols et les Algériens se portent actuellement vers les plaines de Selouane, de Bou Erg, du Zebra et du Garet, où une grande société, la « Cia Española de Colonizacion » vient de dresser des plans de colonisation. Il ne faut pas, dès lors, s'étonner si l'émigration espagnole doit se développer dans cette partie du Maroc, dont l'extrême proximité des côtes, par rapport à celles de l'Espagne, en fait une sorte de prolongement du territoire national. Enfin les couloirs de la montagne fournissent des voies d'accès relativement courtes vers Taza et Fès et l'espoir de développer Melilla, aux détriments d'Oran et de Tanger, incite les Espagnols à porter tous leurs efforts sur ce futur grand port qui jouit déjà d'avantages commerciaux appréciables en raison de sa qualité de port franc. Le parti africaniste d'Espagne examine en ce moment les moyens de développer la mise en valeur naissante du Maroc Espagnol, particulièrement en organisant les transports. D'un côté, des améliorations sont apportées dans les services maritimes entre Melilla et l'Espagne et de l'autre les communications terrestres, tant entre le Maroc oriental et Melilla, qu'un chemin de fer dessert jusqu'à Batel par Selouane, qu'entre Ceuta et Tetouan (46 kilomètres), reliées également par voie ferrée, sont l'objet de tous les soins. Mais combien de temps durera cette politique économique difficile à poursuivre dans un pays encore insoumis?

II. LES DJEBALA

Certains auteurs estiment que les Djebala représentent les dernières ondulations projetées par la chaîne complexe du Rif

la

au-dessus des plaines du Gharb. Ce qui est certain, c'est que structure orographique du pays justifie le terme de Djebala (montagnards) sous lequel les Marocains désignent le socle de terre qui s'élève en bordure du Rif Occidental.

Limité à l'Ouest par l'Océan Atlantique et au Sud ESQUISSE par la dépression du Sebou, ce plateau est dominé PHYSIQUE par deux chaînes. L'une s'amorcerait au Rif par les monts des Menissa, des Beni bou Chibet et le Djebel Mtama, haut de 2.500 mètres; l'autre, de direction Nord-Ouest, comprend les hauteurs du Dj. Afernou (2.000 mètres), où repose Abd es Selam ben Mchich, Santon vénéré dans le Maroc entier et celle du Dj. Hachem, issu lui-même du Dj. el Habib. A l'ouest et au sud se déroule un pays de collines et de coteaux boisés, tels le Dj. Çarçar (800 mètres) point de séparation des bassins du Loukkos et du Sebou, le Dj. er Riham berceau de la noble cité d'Ouezzan et de sa « zaouia », et les Ahl Serif, dernières pentes occidentales des Djebala, à la naissance des terres basses et sablonneuses du littoral atlantique, qui se confondent, près de la mer, avec les tristes landes du bas Loukkos.

CLIMAT

ET HYDROGRAPHIE

Le climat de la montagne est caractérisé par des hivers rigoureux au cours desquels les neiges s'amoncellent sur les sommets et par des étés chauds et orageux. Sur les pentes des côteaux, par contre, la douceur de la température favorise la venue de l'olivier qui prospère sur la longue ligne des Djebala méridionales. Il est vrai que les Djebala sont influencées par l'alizé qui souffle sur Larache et Ouezzan parallèlement à la côte; et sa présence explique la modération de leur climat en été (28 à 30°), quoique la chaleur soit toujours un peu plus grande dans les vallées qui sont très abritées. Le versant maritime est très arrosé et se trouve même rafraîchi l'hiver par de violentes averses. Il pleut même beaucoup à El Ksar et à Larache (65 à 70 centimètres). Ces pluies alimentent les rivières des Djebala où de nombreux ravins entaillent le

[graphic][merged small][merged small][merged small][merged small][graphic][merged small][merged small][merged small]

socle djebalien de leurs sillons capricieux au fond desquels bouillonne l'eau des sources et des torrents. Les oueds ont caractères différents suivant le versant auquel ils appar

des

tiennent. Ceux qui vont à l'Atlantique sont moins profonds que ceux du versant méditerranéen dont le lit est creusé en montagne; aussi ne sont-ils pas séparés par des arêtes aiguës,

mais par

Voir

dans

par des croupes arrondies ou étalées qui laissent entre1a continuité dans les Djebala des plis tertiaires relevés dans la formation du sol marocain. L'oued Houzmer qui se jette la Méditerranée et le Loukkos qui débouche à Larache sont les deux principaux cours d'eau de la région. Ce dernier, le plus important de la zone septentrionale du Maroc, nait près de Chechaouen et suit, en partie, la frontière franco-espagnole, avant d'aller baigner la ville de Larache, sise sur la rive gauche. Le Loukkos est navigable entre El Ksar el Kebir et Larache, environ sur 35 kilomètres. et sa vallée inférieure, large 12 kilomètres, est extrêmement fertile la colonisation ne manquera pas de s'y porter.

soit de

POPULATION

ET MISE EN VALEUR

Avec le Rif les Djebala constituent peut-être la région la plus fermée du Maroc. On ignore le nombre de leur population qui paraît très dense. Comme tous les montagnards, dont le pays est d'un accès difficile, les habitants sont indépendants jusqu'à être farouches. Leur sentiment de particularisme, poussé à l'extrême, est en outre excité par l'instruction coranique qu'ils reçoivent dans leurs villes universitaires de Beni Mejrou, Djemâ Cheurfa, Tafraout, El Khzana. Malheureusement leur science religieuse ne les empêche pas d'être de mœurs licencieuses. Les gens de la campagne sont surtout cultivateurs. Dans la plaine, la propriété est morcelée; chacun y possède une maison et un jardin. On se sert de canaux pour l'arrosage des potagers où poussent cultures maraîchères vignes et arbres fruitiers; et dans les parties non irriguées on sème de l'orge et du blé. En montagne, la propriété communale porte uniquement sur les forêts qui constituent le refuge des habitants et des troupeaux en cas de guerres intestines ou sont l'objet d'une exploi

« PrécédentContinuer »