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pays et depuis longtemps une grande route, celle des ambassades, le relie à Tanger par où pénètrent les produits d'Europe (1). Depuis l'instauration du Protectorat, les voies de communication se multiplient et Fès, qui déjà reliée, par route et par voie ferrée, à Rabat et à Casablanca (344 km.), pourra, dans quelques années, communiquer directement avec Tanger, au moyen du chemin de fer à voie large, dont certaines parties sont actueИement en construction. Fès sera alors à 250 kilomètres de Tanger, à 350 de Nemours, port algérien le plus rapproché ché et à 500 d'Oran. Ces simples chiffres montrent l'excellence de la situation géographique de cette ville, déjà si admirablement douée. Des avantages naturels ont, en effet, facilité le développement de l'industrie à Fès. « A portée de grandes cultures de céréales, de forêts magnifiques, de vastes carrières de pierre et de sable, elle trouve dans sa banlieue immédiate d'excellents matériaux de construction, de l'argile à poterie, du gypse, de la pierre à chaux, du sel » (2). Aussi ne faut-il pas s'étonner si, grâce en outre à sa main-d'œuvre patiente et soigneuse, son industrie a acquis dans tous les pays musulmans une réputation de fini et de bon goût. Une simple visite aux si vieux et si curieux souks de Fès laisse voir tout ce qu'on peut attendre de ce pays si ses industries rénovées sont bien conduites et exploitées. Délaissée par les Européens jusqu'à ce jour, en raison des difficultés de communication avec la côte, la capitale du Nord mérite mieux, dès maintenant, qu'un intérêt de curiosité pour ses remarquables monuments et son cachet moyenageux: grand foyer d'activité économique, elle représente un marché que les Français doivent assidument fréquenter. Leur installation y sera du reste facilitée du fait que l'administration du Protectorat y lotit le plateau de Dar Debibagh en vue de la construction d'une ville européenne, certai

(1) Son commerce extérieur peut être évalué à une vingtaine de millions de francs.

(2) De Perigny, Fès, la capitale du Nord, page 2. Au point de vue industriel et agricole, notons l'élevage du ver à soie qui est en grands progrès : le nombre des magnaneries est actuellement de 108.

nement appelée à beaucoup d'extension. C'est aux environs de Fès que se trouve Aïn Kadous, la grande ferme-école du Protectorat, établie sur 600 hectares et qui, par la variéte de ses sɔls, constitue un domaine d'études de grande valeur.

Entre Fès et Meknès s'étend la belle plaine du Saïs, qui, tantôt sablonneuse et tantôt argileuse, repose sur un sous-sol de grès calcaire tendre (1). A son débouché se trouve Meknès (37.000 habitants) (2) à 55 kilomètres de Fès. La ville indigène se double d'une ville nouvelle en voie de lotissement qui doit aussi devenir un marché agricole et un centre de transit de premier ordre. De nombreuses fermes européennes se montent pour la mise en valeur des belles terres de la campagne environnante, entraînant avec elles d'intéressants essais de colonisation notamment ceux qui se poursuivent à Petitjean, ville en voie de création. La position géographique de Meknès en fait également un lieu de passage très fréquenté. Autrefois les Romains, qui y créèrent le poste de Volubilis (3) en face du piton de Moulay Idriss, utilisèrent cette route que suivirent après eux les Arabes envahisseurs. Aujourd'hui c'est une bien autre importance qu'elle est sur le point d'acquérir. Non seulement Meknès est un point capital sur les voies ferrées CasablancaOudjda et Tanger-Fès; mais elle est en passe de devenir la tête de ligne de la future route impériale Meknès-Bou Denib que nos colonnes mobiles ouvrent actuellement au cœur du Moyen Atlas. L'intérêt politique de cette voie destinée à réunir le Tafilelt au Maroc Occidental se double des facilités qu'elle apportera aux relations commerciales avec Kasbat el Makhzen sur la Haute Moulouya. Meknès deviendra la grande « plaque tournante » du Nord lorsqu'on aura construit le chemin de fer à voie étroite qui, tout en facilitant le ravitaillement des colonnes, la reliera à Timhadit et à Aïn Leuh, c'est-à-dire à la plus'

(1) L'analyse chimique y révèle par endroits une remarquable pauvreté en phosphates et en azote.

(2) Dont 1.265 Européens, sur lesquels 820 Français.

(3) M. Chatelain y a trouvé d'intéressants monuments de l'époque arc de triomphe, basilique, forum, temple, huilerie, voie dallée, etc. La région de Meknès offre des excursions variées pour les touristes.

riche région forestière du Maroc et certainement aux plus bel les forêts de cèdres de l'Afrique du Nord.

Les plaines du Gharb et des Beni Ahsen réunissent toutes les conditions d'une belle région de colonisation, à sol varié et à climat relativement tempéré. Les berges du Sebou recouvertes de dahs (terre argileuse) et de tirs (terre noire) ainsi que les rives du Beht et du Rdom aux terres profondes conviennent parfaitement aux cultures de céréales, tandis que dans les sols légers du Gharb, le sorgho est cultivé pour servir à l'alimentation de l'indigène. Ce sont de très bonnes terres, mais en géné ral insuffisamment pourvues d'acide phosphorique. Les engrais phosphatés y sont donc tout indiqués et doivent y provoquer des récoltes intéressantes. Les terrains marneux sont mieux pourvus en éléments fertilisants et l'influence de l'argile y est tempérée par la dose élevée de chaux. Aussi l'indigène s'en estil emparé pour la culture. Dans les vallées jurassiques, couvertes de pâturages, souvent assez maigres, les légumineuses se développent bien. L'élevage du bœuf, du mouton, du porc est en grand honneur aussi bien dans les montagnes des Sarsar et des Masmouda que dans les merdja: des Beni Ahsen. On pense qu'asséchés, ces marais permettront des récoltes de luzernes, foins, betteraves à sucre, vignes, etc. et on estime que cet asséchement libérera 40.000 hectares de terres à cultures, valant les célèbres tchernoziem de l'Ukraine. De nombreuses sociétés ont acheté des terrains dans cette région qu'elles mettent en valeur soit par l'exploitation directe, soit en association avec les indigènes et du milieu de ces grandes plaines sortent deux centres de colonisation: Mechra bel Ksiri et Dar bel Hamri, tributaires du port fluvial de Kenitra.

Mechra bel Ksiri, sur le Sebou, est un gros marché et une étape de caravane sur Fès, Tanger, Ouezzan, Larache et Kenitra. Son importance, comme noeud de communication, se trouvera développée lorsque la mise en valeur de la région aura été augmentée par l'exploitation du Tanger-Fès. Déjà cependant les marchandises sont facilement transportées à la côte par le Sebou qui est navigable entre Mechra bel Ksiri et le port de

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