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l'été est également l'apparition de brouillards et de fortes rosées nocturnes qui se traduit par un état hygrométrique de l'atmosphère très élevé variant de 85 à 100 le matin et s'abaissant rarement au-dessous de 50 dans le milieu du jour. L'hiver s'annonce moins par le froid, bien que le thermomètre descende quelquefois à 1o et 2° en 70 ou 80 jours, que par la chute des pluies qui commencent, provoquées par les vents d'Ouest-SudOuest, en octobre pour se terminer en avril ; elles tombent violemment, mais avec beaucoup d'irrégularité. Aussi ne peut-on donner aucune moyenne précise les précipitations pluviales varient annuellement sur la côte entre 20 et 55 centimètres (1). En résumé ce climat, dans lequel, en réalité, on constate assez rarement des extrêmes excessifs, n'est ni chaud ni froid et se caractérise par une température moyenne et régulière; mais il est humide et c'est à cela qu'on doit la formation des tirs et des hamri de la plaine.

A une soixantaine de kilomètres dans l'intérieur du pays, ce climat commence à subir de notables modifications, notamment au point de vue des variations saisonnières et diurnes qui y sont plus considérables. Dans une même année on a noté à Tiflet 0° et 42°, à Settat 2° et 47°, à El Boroudj 0°,2 et 47°; les statistiques ont même accusé pour Ber Rechid et Mechra ben Abbou une chaleur exceptionnelle (due au siroco) de 58° en août 1915. Mais d'ordinaire ces plaines ont des températures moyennes en hiver de 11 12o et en été de 24 à 28°. Continental, le climat est par conséquent plus sec que sur la côte; l'humidité résultant du voisinage de la mer diminue au fur et à mesure qu'on s'avance dans l'intérieur. Les pluies ne tombent que l'hiver quand les vents d'Ouest chargés de vapeur d'eau se heurtent aux montagnes. L'attraction qu'exerce sur les nuages le con-` tinent échauffé pendant l'été provoque ces chutes qui sont

dernières années 1,5 en janvier et 460 en août 1915, année particulièrement chaude; en août 1916 il n'a fait que 32o. A Casablanca les extrêmes ont été 205 et 28°; à Mazagan 6o et 32o; à Safi 7o5 et 35o3.

(1) En 1917, Rabat 50 cm.; Casablanca 39 cm.; Mazagan 48 cm.; Safi 29 cm.

abondantes mais très irrégulières : environ 45 à 50 centimètres de novembre à avril. Pendant ces mois, aux journées courtes, les champs se couvrent de temps en temps d'une gelée blanche qui nuitparfois à la végétation.

Au Sud du Tensift, le climat change. Il se rapproche du climat saharien, comme le prouvent l'apparition du palmier dattier et l'importance que les indigènes accordent à l'eau. Exception doit être faite pour le climat spécial de Mogador.

Les précipitations atmosphériques ne dépassent pas dans le Hacuz de Marrakech 25 à 28 centimètres répartis sur une soixantaine de jours; mais les différences de température y sont très sensibles d'une saison à l'autre. En janvier, février il fait dans la soirée et dans la matinée jusqu'à — 1o à Marrakech, et l'été le thermomètre monte à 40° et même davantage (50o). Le siroco, dû au centre de haute pression qui se forme dans l'extrême sud-marocain, s'y manifeste plus fréquemment que dans les régions sises au nord du Tensift. Ces grandes chaleurs que n'atténuent pas, grâce aux collines des Djebilet et des Rehamna, les vents marins de l'Atlantique favorisent la venue des dattiers, l'arbre des oasis du Sahara. On se rapproche donc beaucoup du climat du désert.

Celui de Mogador est remarquablement doux et constant. La température générale de l'année y est de 17° à 18° avec des moyennes saisonnières de 12 à 14° en hiver et de 16 à 18° en été. Mais si elle subit l'influence des eaux froides de l'Océan, elle connaît également celle des alizés qui passent avec violence sur les dunes de sable qui entourent Mogador. Ces vents qui soufflent, particulièrement au printemps et en été, sont très désagréables pour les habitants car ils véhiculent les sables jusqu'en ville et les empêchent souvent de sortir. Les personnes faibles de la poitrine ne sauraient s'en accommoder. Comme conséquence de cette prédominance des vents d'Est il faut signaler une pénurie de pluies dans cette région, à peine 20 à 30 centimètres d'eau par an. C'est en raison de son uniformité thermique, que M. Gentil a proposé de l'appeler le climat de l'arganier; car de même qu'aux Canaries, il a pour effet de protéger le dévelop

pement d'une végétation forestière spéciale accompagnée d'une flore d'euphorbes à caractères subtropicaux (1).

LES LEUVES
ET LA COTE

Les cours d'eau du Maroc Occidental, tels les O. Bou Regreg, Ykem, Cherrat, Nefifik, Mellah, Oum er Rebia, Tensift, que l'on peut principalement citer, sont en rapport étroit avec la structure du pays. Fleuves de plateau, ils entaillent les affleurements primaires dans des vallées profondes, parfois même en gorges, et coulent vers l'aval dans des vallées élargies, assez étalées. Des nombreux oueds qui sillonnent le pays quelques-uns sont en Chaouïa et en Doukkala sans écoulement continu jusqu'à la mer; ils se perdent dans les sables de la plaine, pour ne reparaitre, après un cours souterrain, qu'à la côte, où leur présence constitue peut-être la nappe d'eau qui fertilise une bande de terre humide qu'ou appelle l'Ouldja. En réalité trois fleuves seulement méritent surtout d'être signalés. Ce sont : le Bou Regreg, l'Oum er Rebia, et le Tensift.

Le Bou Regreg, formé des Oueds Guennour et Ksiksou, naît au pied du plateau d'Oulmès. Ses affluents de droite (Oueds Afessal et ben Ahmar) sont peu importants; il est surtout grossi des eaux de l'Oued Grou, descendu d'Aïn Kerma, chez les Ben Zemmour, de l'Oued Korifla qui arrose le pays Zaer et de l'oued Akreuch qui passe en bordure de la forêt de Temara. Le fleuve tire son importance des villes de Rabat et Salé, sises à son estuaire, en aval de berges marécageuses. Mais l'accès du Bou Regreg est malheureusement rendu difficile du fait de la << barre » qui y gronde continuellement.

Tout autre est l'intérêt que présente l'Oum er Rebia né dans le massif du Fazaz (Moyen-Atlas) d'une source voisine de celle du Sebou. Long de 700 kilomètres, il coule vers le Sud-Ouest parallèlement à la direction de la chaîne de l'Atlas, avant d'atteindre la plaine du Tadla dans laquelle il forme une série de méandres à angle droit. Entre Khénifra et Kasbah Tadla, où sa largeur est de 50 mètres, il se grossit de nombreux et

(1) Revue Générale des Sciences, 1914, p. 307.

courts affluents de la montagne, mais après Kasbah Tadla, il change de caractère, en se mettant à serpenter suivant un régime de méandres de divagation dans une vallée évasée où il reçoit le tribut des Oueds Derna et el Abid; ce dernier descendu de la région qui sépare le Grand du Moyen-Atlas. Le fleuve chemine ensuite vers le Nord-Ouest, c'est-à-dire perpendiculairement à sa première direction et grossi de l'oued Tessaout, coule dans les dépôts lacustres du Bas Tadla, « vaste étendue unie, se continuant en pente très douce avec la plaine du Tensift, au point qu'en hiver, les eaux qui tombent dans cette plaine s'écoulent indifféremment vers le Tessaout ou vers le Tensift» (1). L'Oum er Rebia devenu par captation le déversoir du Tensift et d'un ancien grand lac, entaille alors le haut plateau de la Chaouïa. A partir de Mechra ech Chair, où il coule en canon, des roches dures l'obligent à reprendre le régime des méandres à angle droit: son débit, d'après de Campou, y varierait de 40 à 1600 mètres cubes. Malheureusement ses affluents, comme l'Oued Lakhdar, lui parviennent avec peine. En aval de Si Saïd Machou, le fleuve s'élargit dans une vallée sinueuse et arrose à 4 kilomètres de son embouchure, la vieille et pittoresque cité d'Azemmour. Le bassin de l'Oum er Rebia pourrait presque être comparé à celui du Sebou, sous le rapport de la richesse et de la fertilité de ses plaines mais non pour la navigation, car l'impétuosité du fleuve, l'irrégularité de son cours capricieux, et la barre marine, ne permettront jamais de l'utiliser beaucoup à cet égard. L'industrie et l'hydraulique agricole pourront au contraire tirer le plus avantageux parti de ses eaux toujours abondantes.

Le Tensift est le fleuve de Marrakech comme le Sebou est celui de Fès; mais, à la différence de ce dernier, car les climats sont ici et là bien différents, il ne peut jouer qu'un rôle d'irrigation dans les régions qu'il traverse. Né au col du Glaoui dans le Grand Atlas, le fleuve borde au Nord la plaine de Marrakech et reçoit, sur sa rive gauche, ses principaux affluents: Oued Rdat, Hadjar, Nfis, Bou el Ras, Chichaoua, qui lui vien

(1) Dr Russo. Société de Géographie du Maroc, t. I, p. 26.

nent du Grand Atlas Occidental. Leurs eaux, au parcours parfois souterrain, sont captées pour l'irrigation. Il ne peut guère en être de même pour les affluents de droite qui sont des torrents descendant des Djebilet, le plus souvent à sec. Fort heureusement la plaine du Haouz est arrosée, dans sa partie septentrionale, par les grands affluents de l'Oum er Rebia: oueds el Abid et Tessaout. Le Tensift n'arrose aucune ville et se jette à la mer à 30 kilomètres au sud de Safi, où son embouchure est obstruée par une barre. Le fleuve n'a qu'un débit d'étiage très faible, parfois un mètre cube seulement jusqu'à 10 kilomètres de la mer.

Mentionnons enfin l'Oued Ksob, qui né au col des Bibaoun, dans le Grand Atlas, traverse une région peuplée de thuyas et d'arganiers, en pays Haha-Chiadma, et débouche, au milieu de sables mouvants, à 2 kilomètres au sud de Mogador.

Le littoral atlantique mal articulé, car il ne possède ni presqu'îles effilées, ni golfes profonds, ni relief accidenté, présente une succession de récifs, de falaises noires ou rouges, de dunes et de plages sablonneuses peu favorables à l'établissement de bons ports. Les rochers, dûs à des affleurements de terrains primaires et secondaires, paraissent plus nombreux dans le Nord (Rabat, C. Fedalah, C. Hank) que dans le Sud : des bancs schisteux et des quarzites y apparaissent, à marée basse, se prolongeant au loin sous les eaux et forment des brisants. Les sables se trouvent plus particulièrement dans le Sud, à partir d'Azemmour, mais sont parfois interrompus par quelques indentations anciennes (Mazagan, C. Blanc, C. Cantin, C. Sim) constituant des bourrelets à l'abri desquels s'étend un couloir tantòt marécageux, tantôt fertile, dénommé «< Ouldja ». Mais c'est dans le Sud marocain que la dune maritime présente son maximum de développement notamment à Mogador, où elle est fixée par des retem, des asperges sauvages, dès euphorbes, etc...; elle atteint là plus de 100 mètres de haut. Sa surface serait en progression croissante ailleurs faute de végétation pour l'arrêter.

Cette côte déshéritée de constitution n'est pas plus avantagée au point de vue de son exposition qui l'ouvre complètement aux vents d'Ouest et la livre à l'action mécanique de la grande

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