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120802

Six 2nd. 11/3/28 eur 4373 cont. 3.05°

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PRÉFACE

Il y a quinze ans, au lendemain de l'accord franco-britannique qui réalisait l'Entente Cordiale et ouvrait à la France au Maroc des destinées nouvelles, nous nous rendions, quelques amis et moi, à Tanger à bord d'un bateau qui faisait escale à Oran. Là nous embarquâmes une cinquantaine de passagers de troisième classe et même de pont venus à bord avec des mallettes ou des valises telles qu'on en voit aux mains des émigrants et que nous en avons vu, douloureusement, aux mains des « réfugiés » - et qui visiblement contenaient tout l'avoir de leurs porteurs.

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« Qu'allez-vous donc faire au Maroc?» demandions-nous à l'un d'eux.

« Faire fortune! », nous répondit-il.

Et il nous dit que, clerc de notaire en Oranie, il voulait être l'un des premiers à prendre les nouvelles situations qui d'après lui allaient s'offrir au Maroc. « Je m'y placerais d'abord dans une étude de notaire. Puis je verrai! »

Et les autres partageaient ses illusions. Je me rappelle notamment un employé de tramways qui comptait, dès le débarquement à Tanger, aller offrir ses services contre un fort salaire à la compagnie « qui devait se créer » pour doter la ville d'un réseau ferré.

Hélas! Dix jours après, le Consulat de France devait rapatrier vers l'Algérie comme passagers de pont ces conquérants trop peu préparés à leur œuvre de conquête.

Neuf ans après, à bord d'un bateau régulier de Marseille à Casablanca, chargé comme l'étaient les « Paquets » de 1913, quelle ne fut pas ma surprise de retrouver des illusions sem

blables chez bien des passagers qui n'étaient pourtant pas de ces indésirables si fortement crayonnés par Emile Nolly, mais de braves gens, disposant de quelques économies et d'un peu d'expérience Ils étaient partis, eux aussi, à l'aveuglette. A la vérité le Maroc d'alors n'était plus celui de 1904 et, s'il manquait toujours d'études de notaires et de tramways, du moins avait-il déjà acquis un essor économique qui pouvait justifier une forte émigration. Mais celle-ci s'était faite ruée, et à côté de colons laborieux, bonnes recrues pour le jeune Protectorat, que de non-valeurs, que de spéculateurs, que de pauvres diables attirés par l'illusion qu'ils pouvaient aller au Maroc sans préparation, sans argent, sans expérience et y faire fortune, en quelques mois! Les voyages de retour des bateaux de Paquet ou de la Compagnie Transatlantique ramenaient à ce moment de Casablanca des déceptions violentes, des colères injustifiées, des ruines et des faillites.

Cr, nous assistons, en ce moment même, à une nouvelle ruée qui aboutirait aux mêmes désillusions si elle n'est pas canalisée et renseignée.

Le Maroc connaît aujourd'hui, dans le pays, la grande popularité. Tous les Français savent que les prophéties mauvaises des adversaires de notre expansion marocaine ont été démenties par les faits. Le Maroc a tenu pendant la guerre, il s'est même agrandi et l'organisation et la mise en valeur ont marché avec la pacification et l'action politique. Bien plus, le Maroc a fourni à la métropole des troupes, de glorieuses troupes, les tirailleurs et spahis marocains, - benjamins des corps de l'armée française, tous honorés aujourd'hui de la fourragère et la Division Marocaine qui s'est classée parmi les toutes premières de l'armée française. Il lui a envoyé aussi des travailleurs et un important ravitaillement en blé, en orge, en œufs, en laines, etc. Demain, il continuera à prêter au relèvement économique de la France le concours de toutes ses richesses et de sa jeune énergie.

Aussi le champ qu'il offre à l'activité française attire de nombreux émigrants. La Résidence générale de France au Maroc,

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