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Toute contravention sera punie solidairement d'une amende de 00 fr. à 0,000 francs.

Voilà ce que pourrait faire l'État ; je ne demande pas qu'il le fasse; je préfère de beaucoup le régime de la liberté au régime de la réglementation; je demande seulement qu'il laisse faire la Corporation.

Anéantir le salaire et le remplacer directement par la participation: tel est le but des Associations. Maintenir le salaire et l'élever indirectement par l'assurance: tel est le but des Corporations.

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Dans ces dernières années, on a beaucoup attaqué et décrié le salaire; inconsidérément, selon moi. M. de Chateaubriand a dit : Le salaire n'est que l'esclavage prolongé. › Erreur profonde! Le salaire, c'est la liberté réciproque. Je suis sur ce point complétement de l'opinion de Franklin qui, en même temps qu'il combattait de toute la puissance de son bon sens l'insuffisance du salaire, proclamait de toute l'autorité de sa raison la nécessité de la conservation du salaire; dès que le salaire suffisant, nécessaire, légitime est garanti de toute atteinte, la liberté réciproque entre ouvriers et patrons est entière. S'ils ne se conviennent pas, ils se quittent. S'ils se conviennent, ils ne se séparent point. Rien de plus simple et rien de plus juste. Séparez-vous donc quand vous êtes associés et que le dissentiment s'est glissé entre vous! Le moyen d'établir un compte de liquidation équitable! La Corporation a tous les avantages que n'a pas l'Association. La Corporation abrite l'individu contre toute exploitation abusive de l'homme par l'homme; elle protége le travail contre le capital et le capital contre lui-même, puisqu'elle marque à la concurrence non le point d'arrivée mais le point de départ. Elle seule peut adopter des mesures efficaces pour rendre insensibles les effets du chômage et inutiles les menaces de grève; elle seule, enfin, peut faire de ces paroles une vérité *: ‹ Le principe d'association plus largement appliqué doit ⚫ régénérer le monde; en lui est le problème de l'avenir. Mais là ⚫ s'arrête l'hypothèse la formule manque à la réalisation. » En

Proudhon, 20 juillet 1850.

effet, qu'est-ce que la Corporation, sinon l'Association élevée à sa plus haute puissance? La Corporation, c'est la nation professionnelle au sein de la nation territoriale. Aussi mon avis est-il que chaque Corporation se grossisse en réunissant en faisceau toutes les industries qui ont de l'analogie entre elles, toutes les industries de la même famille, toutes celles qui mettent en œuvre la même matière ou qui se servent des mêmes instruments de travail, toutes celles, enfin, qui sont à la Corporation ce que les membres sont au corps, ce que les petits ruisseaux sont aux grandes rivières. Ce serait un moyen de faire disparaître certaines causes de chômage qui n'existent que parce que certaines industries sont trop morcelées. Un exemple va faire comprendre ma pensée : l'hiver, le maçon des villes est condamné à vivre de son épargne au lieu de vivre de son travail, c'est pendant l'hiver, au contraire, que les fumistes qui ont chômé l'été sont le plus occupés. Le maçon ne pourrait-il être fumiste, le fumiste ne pourrait-il être maçon ? Le chômage est un risque ; comme tous les risques, il peut être, par l'étude approfondie de ses causes, considérablement diminué. Que de risques ont déjà disparu, unique. ment parce qu'on s'en est rendu exactement compte et qu'on a porté la lumière où régnait l'obscurité! Ce que la précieuse invention de la lampe Davy a réalisé dans l'ordre physique, il faut le réaliser dans l'ordre moral.

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Il n'y a pas lieu de craindre que les Corporations deviennent trop puissantes: plus elles seront puissantes, moins elles seront multipliées; moins elles seront nombreuses et plus eiles seront modérées dans leurs exigences; car en groupant ainsi des intérêts divers, ces intérêts se feront équilibre entre eux et tendront à composer une juste moyenne. Ce ne sera pas seulement une manière d'éteindre beaucoup de rivalités, ce sera aussi le moyen de diminuer considérablement frais, risques et peines.

Je viens d'exposer sommairement l'avantage que présenterait, au point de vue du travail et des travailleurs, l'existence des Corporations; il me reste maintenant à montrer l'avantage qu'elles offriraient au point de vue de la liberté et des peuples.

En adoptant pour la Commune, pour l'Etat, pour la Corporation, pour chaque mode d'association, le même mode de constitution, le même centre de gravité, le même axe de rotation, qu'ai-je cherché? J'ai cherché à tirer du chaos social toutes les forces qui s'y trouvent afin qu'elles se fissent réciproquement contre-poids et se tinssent toutes par elles-mêmes en parfait équilibre.

Par l'indépendance des Communes et l'existence des Corporations se protégeant mutuellement, l'État, si considérable que soit la force armée mise à sa disposition, est contenu dans son orbite sans qu'il y ait désormais lieu de craindre qu'il en puisse sortir. Au-dessus de l'Etat, au-dessus des Communes, au-dessus des Corporations plane la Justice, qui n'est elle-même que la première et la plus puissante des corporations, parmi lesquelles elle occupe le rang qu'occupe le soleil parmi les planètes qui ne luisent qu'en réfléchissant sa lumière. Dans cet ordre d'idées les cultes et les universités redeviennent ce qu'ils n'auraient jamais dû cesser d'être, de libres corporations vivant chacune des fruits de ses travaux et de ses épargnes; de leur côté également, les lettres et les arts se constituent, soit en deux corporations distinctes, soit en une seule corporation représentant la pensée humaine en toutes choses où elle brille par l'individualité des œuvres.

Grouper tous les intérêts identiques, séparer tous les intérêts distincts, agréger, enfin, sous le nom de Corporation, de Commune et d'État toutes les molécules de chaque corps simple ou composé telle est la loi des mondes dans l'ordre social comme dans

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l'ordre physique. J'imite et je n'invente pas.

DÉCRET DE L'AVENIR.

TITRE 1er.

DE LA CORPORATION.

La Corporation est l'association de tous les travailleurs d'une profession unis contre le même risque, celui d'atteinte par la concurrence, le chômage, la cherté des subsistances ou par toute autre cause, au taux nécessaire du salaire.

A cet effet, la Corporation française des....., adoptant les bases discutées et convenues entre toutes les Corporations spécialement réunies, s'est constituée ainsi qu'il suit :

TITRE II.

DU SUFFRAGE UNIVERSEL.

Le suffrage universel est le mode d'exercice de la souveraineté corporative.

Le suffrage universel est annuel, direct et secret.

A le droit d'y prendre part, pour toute la France, sans autre condition ni formalité tout porteur d'une Police d'assurance générale sur laquelle est constatée sa qualité de membre de la Corporation française des...

Un timbre apposé sur la police d'assurance générale au moment du vote constate que le droit du porteur s'est exercé pour l'élection annuelle du Maire de la Corporation des...

Chaque bulletin ne doit porter qu'un seul nom.

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